Siroter « Le charme des penseurs tristes », griffé par ces heures interminables éparpillées dans la brise ténue de septembre, entre langueur et ennui, me semble être le meilleur compliment que l’on puisse faire à ces flâneries élégantes aux airs d’entrechats au bord de l’abîme.
Rien qui ne soit plus stylé, si désespérant aussi dans sa beauté, que ces trilles de rossignol des heurs incertains, dérangé dans sa tristesse par le pépiement tonitruant et joyeux d’oiseaux d’instinct plus grégaires. Et c’est là une joute perdue d’avance – entre le fa de l’ironie et le sol majeur de l’humour d’une partition superficielle par profondeur.
Et si la nostalgie est ce sentiment étrange ravivant sans relâche les braises du passé, lointain ou proche, alors que nous savons qu’aujourd’hui sera bientôt son terreau, plutôt que de s’écrier : « qu’il est difficile de se satisfaire de ce famélique maintenant ! », lisons. Lisons jusqu’à plus soif, ou même sans soif, juste pour le plaisir de l’amertume subtile suintant au coin des pages de ce bel essai qui, immanquablement, nous transportera d’esprit sous les solives du plafond de Montaigne.
Car, dans « Le charme des penseurs tristes », il y a de quoi satisfaire notre irrépressible goût de l’Otium, que ce soit allongé sur le sable de désirs vaporeux, ou assis sur la crête d’une vague ourlée de volutes semblant juste commises pour nourrir notre vague à l’âme…