Tiré de la mythique collection Babel, aux textes choisis et préfacé par Jorge Luis Borges, voici deux nouvelles de l’écrivain espagnol Pedro Antonio de Alarcon, ce « révolutionnaire violent qui finit par devenir conservateur sincère et résigné ».
Derrière la couverture sur fond gris à la saveur d’un romantisme le plus noir, la première de ces histoires, L’ami de la mort, occupe l’essentiel du livre.
Prose ciselée dans l’encre des intrigues de palais, ou l’amour n’est qu’une manière de s’aimer soi-même, la générosité le masque de l’ambition la plus nauséeuse. Un enfant adultérin se fera savetier avant de devenir médecin de la cour…
Idéale lecture en ce jour macabre ; aux accent de l’Ecclésiaste.
« (…) la gloire n’est qu’un mot vide que l’on accole par hasard, et par hasard seulement, au nom de tel ou tel cadavre. Tu auras compris enfin, que tout ce que font les hommes n’est qu’un jeu d’enfants pour passer le temps, que leurs misères et leurs grandeurs sont relatives, que leur civilisation, leur organisation, leur organisation sociale et leurs intérêts les plus sérieux manquent de sens commun, que les modes, les coutumes, les hiérarchies ne sont que fumée, poussière, vanité entre les vanité… Mais que dis-je vanité ? Bien moins que cela ! Ce ne sont que des jouets pour tromper l’oisiveté de leur existence, délire de malade, hallucinations de fous ! Enfants, vieillards, nobles, plébéiens, sages, ignorants, beaux, contrefaits, rois, esclaves, riches ou mendiants… à mes yeux, ils sont tous égaux : ils ne sont que poignées de poussière que disperse mon souffle ! Et tu t’obstineras à invoquer la vie ! Tu me répéteras que tu ne veux pas quitter ce monde ! »