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Blog généraliste ou sont évoqués tout aussi bien des sujets sociétaux qu’environnementaux ; s’y mêlent des pérégrinations intempestives, des fiches de lectures, des vidéos glanées ici et là sur la toile : Levi-Strauss, Emanuel Todd, Frédéric Lordon, etc. De la musique et de l’humour aussi. D’hier à aujourd’hui inextricablement lié. Sans oublier quelques albums photos, Images de châteaux, de cités décimées, et autres lieux ou s’est posé mon objectif…

Marcel Conche - Confession d'un philosophe

 

Conche Marcel - Confession...

Marcel Conche, un nom qui m'est apparut sur le tard. Ce que j'en appris alors, c'est qu'il avait donné de très belles traductions des sentences d'Epicure, que par ailleurs il faisait autorité sur Montaigne. Il ne m'en fallut pas davantage pour m'y intéresser. Et si je n’ai pas été tout à fait convaincu par sa prestation lors de l’émission de François Noudelmann, « les vendredi de la philosophie » du 20 juillet 2007 consacrée au châtelain éponyme, je m’imaginais néanmoins, sinon des affinités électives avec sa pensée, ses manières de conduire une existence, du moins quelques sympathies bien affirmées. S'y ajoute la découverte, lors de mes butinages sur la toile, d'une critique fort élogieuse d'un livre rétrospectif sur la vie et la pensée du philosophe ; un essai basé sur le principe d'un échange épistolaire entre un questionneur, son ancien élève André Comte-Sponville et le questionné, notre penseur.


 

 

« André Comte-Sponville a voulu aller à ce qui lui semblait essentiel, et ses questions ont été judicieusement choisies pour m'amener à parler à cœur ouvert ». Ainsi, ces confessions dessinent un portrait en creux et Marcel Conche y livre ses « 'convictions vécues', essentielles » et il insiste, non ses opinions «  qui peuvent varier en fonction de mon humeur ». Aux quelques repères biographiques, essaimés ici ou là, se font voir des lignes directrices, des non-dits qui affleurent la surface paisible de l’onde d'une existence bien réglée. Mais qu'il s'agisse plutôt d'un recueil de 'conviction vécues' que d'opinions, ce qui caractérise les confidences de Marcel Conche, c'est qu'elles sont forgées, pour l'essentiel, hors du strict champ philosophique au sens académique du terme. De quoi sans doute mieux appréhender l'homme assis derrière le philosophe : « J'ai été sincère, trop peut-être, mais je préfère une image vraie à une image retouchée et embellie ».


 Emilie et le philosophe

Mon projet initial était une plongée au cœur de ces confessions, pour le moins édifiantes… Et il va sans dire, au gré de ma lecture, que ma réserve est allée croissante, découvrant un solitaire, non par choix mais par résignation, et qui a passé son existence à nier son corps, à refouler ses instincts, ses élans ; un homme qui toute sa vie a bridé ses énergie vitales au nom d’un idéal, d’un souci impérieux de respect de la norme telle qu’il se la représentait. Entre autres stupéfactions : « (...) la raison critique et le souci du rationnel et du raisonnable, voire du ‘convenable’ et du ‘social’, exercent un contrôle si impitoyable sur les produits de mon esprit qu’il en résulte un blocage mental… » (p 48) (1); « Je vis avec, pour compagnie, un horrible manque ; et je ne peux même pas dire que ce manque a été la condition de ma créativité ». (p 31), ou encore : « Parce que Spinoza, Leibniz, Kant, Schopenhauer, Sartre ont fait l’économie d’une vie de famille, et n’ont pas su ce cela signifie avoir une femme et des enfants – des enfants surtout -, bien des choses essentielles leur ont échappé. Sur l’amour, sur le mal ils pensent arbitrairement » (p 23). Ainsi, fallait-il comprendre ici qu'aux yeux de Marcel Conche, une existence non 'simplifiée' implique fatalement la vie de famille et la procréation ? L'argument peut lui être retourné : en quoi la vie d'un tiède, d'un austère, permettrait-elle de bien penser ce qui excède sa routine ? Mais le paroxysme de la stupeur fut atteinte lorsque la causerie aborda le thème du clonage. Je n'y reviendrait pas ici pour ne pas être cruel... Mais sans doute alors, tout à la préparation de ma fiche de lecture, excédé ai-je trempé un peu vite ma plume dans le vitriol. Et me suis-je compromis dans une prose vindicative sous la forme d'une condamnation irrémédiable – péremptoire ; à la hauteur de ma déception... Mais il est dit que la précipitation n'est jamais de bon conseil. Et pour avoir déjà donné dans une maladresse il n'y a pas si longtemps (cf mon article sur Montaigne) dont il faut bien tirer la leçon, j'ai pensé qu'il était préférable de reléguer ma morgue à la corbeille. Car au fond que sais-je de Marcel Conche ? Rien ou si peu. Et si je confesse n'avoir lu à ce jour de lui que ce livre d'entretien, comment imaginer que je puisse porter jugement qui ne soit pas qu'un ressenti à l'emporte pièce ? Aussi ravalant ma prétention absurde, je note qu'il me faudra lire au moins ces deux livres : « Montaigne » et « Temps et destin », qui selon les mots de Frédéric Schiffter sont « Magistraux. Lumineux. Émouvant, même ».

 

Pour finir, cela serait faire preuve d’hygiène mentale, si ce n’est d’une certaine forme de sagesse, que de se limiter dans les articles d’un blog tel que celui-ci, à ne causer et à ne faire connaître que les seules choses ayant suscités l’enthousiasme, ou susceptibles de donner l’envie d’en apprendre davantage sur le sujet exposé. Pour la polémique, il y a la presse professionnelle, et tant d’autres déversoirs plus ou moins destinés à cela...

Quant à Marcel Conche, je laisse plutôt en parler André Comte Sponville ainsi que Michel Onfray, tous deux interviewés par le petit fils du philosophe, dans le cadre d'un travail sur son grand-père.

 

 


(1) Marcel Conche, Confession d'un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville
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D
<br /> Bonjour et merci pour vos quelques réflexions au sujet de Marcel Conche , je les trouve intéressantes car elles posent notamment de bonnes questions .<br /> <br /> Bien amicalement,<br /> <br /> Dominique Giraudet<br /> <br /> <br />
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