Dans son étude Daniel Dubuisson indique à propos de l’historien des religions roumain Mircea Eliade que son œuvre « admet et revendique l’existence d’une instance transcendante, le Sacré : « … plan surhumain, « transcendant », celui des réalités absolues. » Evidemment indémontrable, cette thèse est acceptée par tous ceux qui croient y trouver une sorte de plaidoyer savant en faveur de leurs convictions métaphysiques… », et c’est sans doute, comme tant d’autres, ce qui m’a alors séduit. Le terrain était à vrai dire propice, avec des lectures du sortir de l’adolescence fleuretant allégrement avec l’ésotérisme le plus conventionnel : Papus, par exemple, et son traité de « Magie pratique ». René Guénon ou encore Etienne Perrot avec « L’aurore occidentale », « Des étoiles et des Pierres », sans oublier, entre autre, « La voie de la transformation ». Ajoutons une tante ayant fait du YiKing son livre d’oracles, plus quelques contacts du coté de la « maçonnerie spéculative », et l’on aura tous les ingrédients propres fabriquer, dans l’athanor d’une raison autodidacte tournée vers les cimes, une sapience à même de produire la quintessence, et de réaliser la « conjunctio oppositorum »… Divagations anodines qui devaient me conduire à fréquenter naturellement les œuvres de Jung et de Mircea Eliade précisément. On ne dira d’ailleurs jamais assez combien les travaux et biographies de ces deux auteurs se répondent et se complètent.
Ainsi, pour en revenir à Eliade, en 1989 j’avalais coup sur coup « Aspects du mythe » et « Le sacré et le profane ». Puis sur ma lancée je lus en 1990 « Mythes, rêves et mystères ». Et enfin en 1992 « Initiation, rites sociétés secrètes ». Pour clôturer ce périple aux « sources du savoir », un peu plus tard je refermais « Méphistophélès et l’androgyne » remplis de ces usuelles tournures Eliadiennes, telles « l’axis mundi », la « régénération périodique du monde », et sa « vrai réalité », ou s’ébroue l’« homo symbolicus ». A noter l’importance du latin pour faire plus savant. Ce fut le dernier livre d’Eliade que j’ouvris. Et ces lectures, si je n’en ai plus aujourd’hui une empreinte profonde, furent à l’époque, je m’en souviens, source d’envolées mystiques, avec un état d’esprit proche de la dévotion : en lisant Eliade et Jung j’avais alors, littéralement, le sentiment de côtoyer des vérités essentielles ; je puisais à la source d’archétypes occultés aux profanes se contentant de suivre la terne voie « exotérique » du commun. Bref j’étais au côté des « initiés » et éprouvais une fascination pour ce qui m’apparaissait comme une science primordiale, où le merveilleux et l’occulte irriguaient un besoin viscéral de spiritualité. Comblé, je m’en suis rendu compte a posteriori, je le fus à peu de frais. Mais avec les ouvrages d’« autorité reconnues » comme références et bréviaires, alors que j’étais pur autodidacte, je sentais la légitimité à mes côtés.
Rétrospectivement, l’idée que des universitaires se soient laissés abusés tout autant que moi est à la fois rassurante et inquiétante. Autant dire que cette prose pseudo-scientifique, aux relents douteux, dont à l’époque je n’étais nullement conscient, répond à merveille à un besoin enraciné en la plupart d’entre nous. Cela conduit à interroger les processus amenant si aisément à la crédulité ; au renoncement à tout exercice du sens critique au profit d’une croyance aveugle en des « vérités supérieures », dès lors qu’on flatte notre goût de la distinction, ou encore notre sens inné à l’auto-mystification. Au passage, je ne peux ici m’empêcher de songer aux récent et houleux débats sur la psychanalyse…
Au final, le cas de Mircea Eliade se révèle tout a fait symptomatique. Et j’espère que ce mince détour par mes propres égarements de jeunesses illustrera mieux qu’une thèse savante la dangerosité qu’il y a à faire nôtres les élucubrations de ces faiseurs de « vérités » et autres vendeurs « d’absolus » passés, présents et à venir. Et en accord ici avec le dicton qui affirme que « tous les chemins mènent à Rome », je ne doute pas que bien d’autres sentiers biographiques que le mien, conduisent immanquablement aux mêmes ornières.
L’œuvre de Mircea Eliade est un cas d’école à méditer et dont il convient de ruiner la légende. En ce sens le travail de Daniel Dubuisson est exemplaire et à largement diffuser.
Mythologies du Xxe siècle
Dumézil, Lévi-Strauss, Eliade
Daniel Dubuisson
Notes de lecture
De petites fiches de lectures sans prétention ; mais utiles pour se remémorer les grandes lignes d’un ouvrage. Recopie de passages et synthèse tout à fait subjective.
Eléments biographiques
La période la plus troublante de la vie d’Eliade se situa entre 1932 et 1945. A la fin 1931, Eliade regagna la Roumanie à l’issue d’un long séjour indien. Il enseigna la philosophie et l’histoire des religions à Bucarest. Mais ce sont ses activités de journaliste et de militant fasciste au cours de la même période au sein ou à proximité de la garde de fer, qui ont suscité le plus de controverses. Ces engagements, aussi enthousiastes que radicaux, n’ont commencés à être connus qu’à la fin des années 80, tant avait été grands jusque là le silence, les mensonges ou les falsifications d’Eliade. […] Ces années furent particulièrement noires en Roumanie. Là, une solide tradition culturelle antisémite, l’instabilité politique, une certaine fascination pour l’Allemagne nazie, des sentiments nationalistes exacerbés, la tentation de la dictature, un obscurantisme religieux, favorisèrent, dès 1927, l’apparition d’un mouvement extrémiste, appelé ultérieurement la Garde de fer, qui se distingua aussitôt par son mysticisme macabre et son patriotisme violemment antisémite. Il s’illustra par des meurtres, en 1933 , en 39, puis en 1940-1941, par des pogroms et des massacres. Dans ses Mémoires, alors qu’il s’est agi d’une milice paramilitaire qui a terrorisé, torturé et massacré d’innombrables victimes juives, Eliade déplore simplement, en bas de page, les pogroms de septembre - décembre 1940, mais en les imputant à un destin historique fatal. […]
Pourquoi serait-il de mauvaise méthode d’interroger la mémoire du militant fasciste des années 30 et se demander, parmi d’autres hypothèses possibles, si ses opinions antisémites et exaltées d’alors n’ont pas contribué, et en quelle mesure, à nourrir la pensée de l’historien des religions ? […] Tout approche, qui prétend que la pensée d’Eliade serait le résultat d’une sorte de méditation intemporelle et désincarnée, n’est qu’une mystification et une escroquerie intellectuelles.
L’œuvre d’Eliade admet et revendique l’existence d’une instance transcendante, le Sacré : « … plan surhumain, « transcendant », celui des réalités absolues. » Evidemment indémontrable, cette thèse est acceptée par tous ceux qui croient y trouver une sorte de plaidoyer savant en faveur de leurs convictions métaphysiques… […] Parce qu’elle adopte cette attitude mystique, l’Histoire des religions selon Eliade attire à elle et entraîne avec elle plusieurs graves défauts de méthode. Parmi eux, on citera :
Choix arbitraires et simplificateurs.
Indifférence complète aux contextes historiques et ethnographiques.
Nombreuses généralisations abusives.
Interprétations Contestables.
A l’intérieur de l’univers mystique d’Eliade les choses et les êtres ordinaires, concrets, s’effacent (ou se spiritualisent) et cèdent la place à des pseudo-essences. Seuls subsistent alors : la vie, l’âme, la création, la sainteté, l’homme, la connaissance, le temps, l’univers, la sacralité, la réalité, le monde, la présence, l’être, l’au-delà, l’esprit…[…] Chacun d’eux, suivant le cas, c’est-à-dire suivant la seule fantaisie d’Eliade, sera : sacré, divin, intégral, cosmique, surhumain, profond, total, intégral, spirituel, atemporel, absolu, primordial, mystique, religieux…[…] Est laissé au lecteur, avec ce lexique de base, le plaisir d’imaginer lui-même d’amusants pastiches « à la manière de …». Mais qu’il se rassure, ceux-ci sont faciles à composer, n’importe quel substantif pouvant s’associer à n’importe quel épithète. (Ce n’est) au fond qu’un procédé rhétorique assez sommaire : apposer des prédicats mystiques très vagues sur les notions les plus floues afin de produire un effet surprenant, une atmosphère mystérieuse, intemporelle, irréelle.
L’ontologie primitive de Mircea Eliade
(Chez Eliade) la thèse métaphysique précède toujours la démonstration, réduite pour cela à sa forme la plus expéditive, c’est-à-dire à l’accumulation de témoignages partiels et de rapprochements arbitraires. […] L’intérêt que présente la pensée éliadienne tient à son caractère exemplaire, puisqu’on y trouve un condensé de tous les défauts et de tous les abus propres aux démarches mystiques qui prétendent posséder une valeur scientifique. […] Eliade « ontologise » tout ce qu’il aime (la paysan, la pierre, la mort, le mythe, la sexualité, etc.) ou plagie (l’inconscient, les cérémonies d’initiations, les rites agraires, la mentalité archaïque, etc.) Infidèle et irrespectueux à l’égard de ses débiteurs, ce syncrétisme abuse en même temps de la crédulité ou l’ignorance du lecteur en lui dissimulant l’origine, la nouveauté ou la complexité de leurs thèses. C’est ainsi, par exemple, qu’Eliade associe les noms de Teilhard de Chardin, de Lévi-Strauss et de la revue Planète au nom d’une commune et énigmatique « mythologie de la matière ».
Influence de Rudolph Otto : a publié en 1917, Le sacré. Pour Otto le sacré (ou le numineux) est le nom donné à une puissance, inquiétante et fascinante à la fois […]. Comme Otto Eliade admet que le monde est « saint », que son existence répond à un dessein providentiel dont l’intelligence dépasse les aptitudes ordinaires de la raison humaine. (Cependant) Eliade a infléchi dans un sens très particulier la définition que le théologien Allemand proposait du Sacré. Il y a introduit en effet une dimension naturaliste et vitaliste, inattendue dans un tel contexte. […] Par Eliade, le primitif, l’homme des cultures archaïques est élevé à une dignité extraordinaire. Il est considéré comme le témoin privilégié d’une série d’expériences essentielles, car originelles et fondatrices, qui ont eut le Sacré ou l’Etre pour acteur principal et le monde pour décor. […] Par conséquent (pour Eliade) il est urgent de réhabiliter toutes les religions primitives afin de retrouver le contact avec le Sacré, avec la Réalité ultime. […] Il est tout à fait révélateur qu’Eliade, qui prétend parler « du fait religieux en tant que fait religieux », n’aborde jamais aucune question morale ni éthique. […] Conformément au principe le plus général de tout modèle platonicien, Eliade croit en l’existence d’une césure, définitive et imprescriptible, qui rejette de part et d’autre le sacré et le profane. […] Il va de soi que la thèse eliadienne relative à l’existence d’un inconscient « religieux » permettant à l’homme de remonter, par anamnèse, vers les structures originelles de l’Etre n’est guère plus qu’une proposition poétique. En tout cas, elle n’est guère originale et résulte simplement d’une relecture platonicienne de Freud et de Frazer !
Cette notion de « religion cosmique » comme celle de « christianisme cosmique » ne sont ni pertinentes ni fondées sur les faits. Ce sont de pures constructions idéologiques. Il suffit, par exemple, de considérer les cultures préchrétiennes de l’Europe (grecque, romaine, celtique, germanique, etc.) pour constater aussitôt qu’elles ne se réduisent pas à des cultes de fertilité, à des mythes ou à des liturgies naturalistes. (…) En plaçant ces formes de religiosité cosmique sous le double patronage de la Nature et des communautés agraires traditionnelles, Eliade se forgeait une arme tournée à la fois contre les principes moraux et spirituels du judéo-christianisme et contre la plupart des créations intellectuelles de l’Europe moderne (la science, la démocratie, les droits de l’homme, la raison critique) [Placé ici par commodité : tiré de l’addenda I de 2008, intitulé « L’ésotérisme fascisant de Mircea Eliade »]
Comment dans ce fatras, dans ce bric-à-brac de superstitions et de croyances irrationnelles (…) a-t-on pu reconnaître une œuvre scientifique digne de notre temps ? Comment son auteur a-t-il pu être reçu et écouté partout ? Comment une telle imposture intellectuelle n’a-t-elle pas été immédiatement dénoncée ? Il serait sans doute injuste de conclure que tous ceux-là, simples lecteurs ou savants universitaires, partageaient l’ensemble de ses convictions et de ses préjugés, et plus équitable de penser que beaucoup, parmi eux, ont été abusés. (…) Montrer au grand jour, par exemple, la « structure platonicienne » de son propre dispositif, laquelle, partout, a toujours ébloui et séduit les esprits mystiques qui, par conviction, besoin ou ressentiment, sont toujours prêts à reconnaître l’existence d’un autre monde, idéalisé, et d’une autre réalité, immatérielle.
Métaphysique et politique : Eliade et Heidegger
Eliade a lu Heidegger.
L’un et l’autre ont traversé les années 30 en se tenant aux cotés d’organisations (nazisme pour l’un, mouvement légionnaire roumain pour l’autre) et courants de pensée qui, quelles que fussent leurs différences et leurs singularités, s’accordaient pour condamner la démocratie, le monde et la science moderne, le progrès (social technique) et le libre travail de la pensée au nom d’une obscure métaphysique de l’Etre, d’un anachronique élitisme aristocratique, d’un mysticisme agraire et archaïsant….
Examen de quelques-unes de leurs conceptions de l’homme qui sont hostiles aux idéaux issus du siècle des lumières : […] Ce schème associe constamment ces trois caractères :
Césure ontologique et priorité de l’Etre (ou de l’Idée ou de l’Esprit).
Supériorité spirituelle de l’élite sur la masse populaire.
Conception pessimiste de l’histoire conçue comme un déclin entraînant une décadence généralisée.
(D’où la nécessité d’une renovatio, conduite par les meilleurs et visant un retour à l’Origine).
(Un philosophe contemporain, évoquant le passage de Heidegger dans les rangs du parti nazi, le qualifiant d’erreur (« tragique », « immense », « monstrueuse »). Et il ajoutait résigné : « Il s’est trompé comme le vieux Platon qui croit encore en Denys, le tyran de Syracuse, pour réaliser sa république, comme Hegel qui identifia l’Esprit du Monde,… à Napoléon ». Mais peut-on sérieusement invoquer l’erreur individuelle, dès lors que l’on a remarqué que tous ces penseurs, auxquels il eût été possible d’associer Eliade, appartiennent à la même tradition intellectuelle, idéaliste et antidémocratique.
Avec bel ensemble, de Platon à Heidegger et Eliade, les penseurs de l’Etre se sont toujours rangés aux cotés des régimes totalitaires (de l’oligarchie spartiate au Reich nazi). Au contraire, la plupart des penseurs rationalistes et matérialistes, de Démocrite à Russel, ont été des partisans de la démocratie, simplement peut-être parce que le rationalisme et le matérialisme supposent que l’on accepte le double principe du progrès et de la relativité. (…) Sans doute Eliade préférait-il à la générosité du philosophe d’Abdère, la morgue d’un néoplatonicien, celle de l’auteur des Ennéades par exemple : « [Le sage] comprend qu’il y a deux genres de vies, celle des sages et celle du vulgaire ; celle du sage est dirigée vers les sommets ; celle du vulgaire, celle des hommes de la terre, est elle-même de deux espèces ; l’une a encore un souvenir de la vertu, et elle a quelque part au bien ; mais la foule méprisable n’est qu’une masse de travailleurs manuels destinés à produire les objets nécessaires à la vie des gens vertueux ». (Plotin)
Deux astuces rhétoriques sont indispensables aux prétendus connaisseurs des Origines.
La première consiste à affirmer que tout ce qui se rapporte à cette phase fondatrice, à l’Etre ou au Sacré, est quelque chose de mystérieux, d’indicible, voilé au regard et à l’entendement du plus grand nombre. Eliade aurait pu reprendre à Heidegger toutes ces épithètes typiques (geheim (occulte), verdeckt (masqué), verborgen (caché)….), lui qui était convaincu que « … les rythmes cosmiques et les événements historiques camouflent des significations profondes, d’ordre spirituel ».
Seconde astuce : Ces mêmes spécialistes nous apprennent triomphalement qu’ils ne vont pas nous abandonner, pauvres imbéciles que nous sommes, devant la porte du mystère, puisqu’ils possèdent heureusement le pouvoir de dévoiler (cette fameuse alètheia hedeggerienne) cette vérité cachée depuis l’Origine.
La reconstruction des religions préhistoriques selon Mircea Eliade
Il est préférable de considérer (désormais) l’œuvre d’Eliade comme une très habile fiction pseudo-scientifique.
a) (il convient de) : Refuser la parti pris métaphysique dont s’inspire Eliade ; parti pris très banal qui consiste à postuler l’existence d’un instinct religieux conçu comme « un élément dans la structure de la conscience » et le Sacré lui-même comme une réalité absolue.
b) L’attitude d’Eliade ne peut impressionner que des esprits incultes et naïfs qui refusent de voir que cette prétention ne peut guère dépasser le stade de sa propre énonciation. (…) Avec une certaine ironie, on serait tenté de faire remarquer que cette œuvre, comme toutes ses semblables qui prétendent révéler des vérités supérieures et intemporelles, reste tributaire des idées de son époque ! (…) Ainsi les conceptions d’Eliade du Sacré, de l’homo religiosus, des ontologies archaïques, des mythes de réintégration, des sacrifices sanglants et des rituels orgiaques, composent en réalité un tableau fantastique et barbare qui n’est que la traduction « religieuse » de ses obsessions politiques antérieures. (…) On retrouve une célébration de l’autochtonie paysanne, une même hantise de l’histoire (considérée, à l’instar de la science moderne), un rejet catégorique du progrès social, une fascination morbide pour le sexe et la mort, une sacralisation des mondes archaïques ou primitifs, une exaltation de toutes les formes d’élitisme, une affinité étroite avec les traditions ésotériques et un mépris souverain pour l’égalité des droits.
L’hypothèse d’Eliade concernant un homme préhistorique « religieux », se heurte à de nombreuses objections que l’on appréciera beaucoup mieux si l’on accepte d’abandonner certains de nos préjugés. (…) Nous répugnons à les imaginer insouciants, athées, matérialistes incrédules, agnostiques ou préoccupés par leur seule existence immédiate. Nous préférons nous les représenter terrorisés par l’effroi, impatients de découvrir, réfugiés au fond de leurs cavernes, les réconforts, encore rudimentaires, de la religion. C’est d’ailleurs au nom de ces mêmes préjugés que nous traduisons en signification « religieuse » (ou magique) les gestes, les objets et les attitudes symboliques des Autres (…) Mais a-t-on suffisamment médité le fait que nous trouverions sans aucun doute ridicule que ces même Autres considèrent comme animées d’une intention religieuse bon nombre de nos activités culturelles (repas collectifs, danses, musique, productions artistiques, soins du corps, pratiques sexuelles, etc.) ? En un mot, l’assimilation : signification symbolique = signification religieuse, est arbitraire, tendancieuse.