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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 09:43

Nu-sur-le-divan.jpg

 

Parcourant la toile en quête de vidéos pour illustrer un billet que je viens de finir « Alan Sokal : Pseudosciences & Postmodernité (Préface de Jean Bricmont) » je suis tombé sur un entretient avec Nicolas Gauvrit, du printemps 2012. 


A l’écoute, la teneur de l’interview dépassant largement le cadre que je recherchais initialement (vidéo courte sur : illustration / définition de la rationalité scientifique ; discours sur les pseudosciences en général), devant l’intérêt du propos développé, j’ai pensé bon, plutôt que de noyer la vidéo dans un article déjà dense et long, de la publier dans un billet indépendant. 

 

Nicolas Gauvrit est mathématicien et chercheur en psychologie du développement. 

 

J’ai ajouté ci-dessous la liste des thèmes abordés, reprenant les titre proposées dans la vidéo pour les différentes sections. 


.
Zététique ? Scepticisme ? rationalisme ?

Agir de façon rationnelle 
Env 4.15

Psychanalyse et inconscient
Env. 6.55

La psychanalyse est-elle scientifique ? 
Env.9

Scientifique, quels critères ?
Env  11.50

Psychanalyse : des hypothèses testables ?
Env 14.25

Psychanalyse : des hypothèses validées ?
Env 16.25

Pyschanayse et idées reçues 
Env 17.15

Le refoulement : une idée reçue ?
Env 19.50

Lapsus : idée reçue ?
Env 21.35

Lacan et les mathématiques
Env 23

Psychanalyse et autisme : sophisme du ‘juste milieu’
Env 28.35

Psychanalyse : traiter les causes de l’autisme
Env 32.50

Sophisme de l’homme de paille
Env 34.40

Les livres qui ont comptés
Env 36.05

- Le singe en nous de Franz De Waal 
- Les impostures intellectuelles de Sokal et Bricmont 
- Mensonges freudiens de J.Benesteau 

Développer science et esprit critique : un outil de transformation sociale ?
Env 42.5 
singe_en_nous1.jpg

(Blog initial de Nicolas Gauvrit)
(Nouvel espace où N.Gauvrit publie en invité ses billets)
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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 09:03

Ce qui suit est tiré de l’excellent ouvrage de synthèse de Jean-Léon Beauvois, « Les influences sournoises » paru il y a quelques semaines chez Bourin. Outil indispensable pour qui veux comprendre les mécanismes insidieux d’influences (et pourquoi non les enrayer en partie), le livre, au sous-titre évocateur « Précis des manipulations ordinaires », mérite une lecture tant attentive qu’exhaustive. C’est clair, sans jargon sibyllin et le seul néologisme que j’y ai relevé est cette savoureuse notion du soi-ïsme sur laquelle je reviendrai dans un prochain billet (Je prépare une fiche de lecture de cet incontournable).

JL-Beauvois---Influences.jpg

 

Pour l’heure j’en reviens donc à mon extrait des « influences sournoises » (p 81 –82). Il est tiré du chapitre 2 (« La fabrique de l’opinion de base ») du livre. Je reprends ici une petite partie du paragraphe ayant donné le titre à ce billet. Il y est question d’un exemple que je laisse à la méditation de chacun : james bond girl

 

« Le mensonge du prime time : C’est là l’effet qu’on appellerait volontiers ‘l’effet avec tout ce qu’on voit et tout ce qui se passe…’.
Je pense à mon copain maçon. Il est confronté à de si nombreuses scènes d’amour physique qu’il en vient à juger pathologique la rareté de ses ébats, tout juste bimensuels, avec sa femme. Et qui durent quand même moins longtemps. Est-il toujours un vrai mec ? Il lui arrive de penser que sa modération devient problématique. Il voit tant de jeunes, de cadres et d’intellectuels entre 20 h et 22h30 qu’il lui arrive de se demander ce qu’il peut encore faire, lui, dans ce monde, avec son métier manuel d’une autre époque et ses 50 ans qui le tiennent désormais hors du coup. Et ils ont si souvent de belles femmes, ces héros, même les plus vTV-influence.-jpeg.jpgils ou les plus dégradés, que la sienne commence à l’agacer grave. Elle devrait au moins faire de l’aérobic. Il divorcerait bien, mais le culte de la famille auquel il est régulièrement exposé dans les séries et les pubs lui donne à réfléchir sur le sens authentique et profond de l’existence en cocon. Le quota ridiculement faible d’informations internationales lui donne à penser que c’est en France que se passent les événements les plus intéressants. Mais il voit aussi tant de violence, et il est tellement informé sur tout ce qui se passe, qu’il en vient à changer tous les ans de dispositif d’alarme supposétv-influence-2.jpg protéger sa villa. Il est convaincu de vivre dans un monde très dangereux (1). Je peux affirmer qu’il n’y a eu aucun cambriolage dans sa rue depuis au moins 10 ans. Dites-le-lui. Il répondra que ça arrivera forcément un jour. Il ne croit pas non plus qu’il y ait aussi peu de récidivistes que le donnent à penser les statistiques avancées par des juges qu’il sait trop laxistes, et ce sont ceux qui lui ressemblent le plus qui viennent le clamer sur les écrans. On en voit tous les jours, non, des récidivistes et des victimes regrettant le laxisme des magistrats ? Alors, hein ! Et les politiques sécuritaires, comme il se doit, l’enchantent. Avec tout ce qui se passe… Ce n’est pas demain qu’il votera pour ceux qui ont des discours de travailleurs-sociaux-à-la-noix (toujours son langage), qui relâchent les coupables dans la rue et oublient les victimes. C’est qu’il est, lui, une victime potentielle dans un monde dangereux. Montrez-lui les statistiques attestant une diminution de la criminalité depuis le XIXe siècle, il vous dira qu’il n’est pas un intellectuel et qu’il voit bien, lui, ce qui se passe ».

 

(1) Note de Jean-Léon Beauvois :
« Entre le 7 janvier 2002 et le second tour de l’élection présidentielle, les journaux télévisés avaient consacrés 18766 sujets aux crimes, jets de pierre, vols de voitures, braquages, intervention de la police nationale et de la gendarmerie.(…) L’insécurité fut ainsi médiatisée deux fois plus que l’emploi, 8 fois plus que le chômage… » (Halimi, Les nouveaux chiens de garde, 2005, P 78). On sait qu’il n’y a pas de corrélation entre l’évolution du nombre de crimes et le nombre de faits divers impliquant des crimes évoqués à la télévision. Il n’y a donc pas de corrélation entre le sentiment d’insécurité et l’insécurité réelle (N.Bourgion, Les chiffres du crime, L’Harmattan, 2008).

 

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 17:43

freud-medium.jpg

Que l’on aborde la psychanalyse sous l’angle philosophique ne me pose aucun souci. A cette aune, Freud se trouve classé aux côtés de Nietzsche et de Marx dans ce que la vulgate a désigné par l’expression de philosophes du soupçon. Point n’est nécessaire d’ailleurs d’invoquer la psychanalyse et son attirail pseudo-scientifique pour suspecter derrière nos croyances, nos convictions ou nos partis-pris, des motivations plus ou moins avouables, des frustrations et pulsions plus ou moins conscientes. A leur manière les adeptes de l’Homo economicus ne disent pas autre chose avec cet archétype humain placé par-delà bien et mal et qui, à la recherche de son seul profit quel qu’en soit les conséquences morales, éprouve la nécessité plus ou moins refoulée de se parer du manteau de la vertu publique (cf. la Fable des abeilles de Mandeville, où, quitte à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, l’on s’échine à nous faire accroire que les vices privés contribuent au bien public).
Mieux, d’ailleurs, que sur cet avatar capitalistique moderne, c’est sur les Moralistes de toutes les époques que l’on peut compter pour déconstruire, de la plus belle façon qui soit, les stratégies d’habillage communes aux vilenies et autres veuleries dont les humains se montrent d’ordinaire capables.

 

Mais revenons-en à la psychanalyse et à Freud en particulier : qu’à titre individuel nous puissions être les jouets de pulsions et d’affects qui nous débordent, qu’il nous arrive même de censurer lesdits instincts par mesure de sauvegarde au regard des attendus d’un système social, que nous puissions encore en souffrir, voire le faire payer, parfois chèrement, à nos congénères, tout ceci est indéniable… Le concept d’inconscient est bien antérieur à Freud. William James en témoigne. Les travaux d’autres penseurs, et parmi eux Cabanis avec sa sensibilité organique, qui loin des caricatures qu’on a pu en faire s’intéresse à tout ce qui est à peu près inconscient et qui est déterminant pour notre vie, vont dans le même sens. Jean-Léon Beauvois, psychologue, écrit quant à lui dans son dernier ouvrage, ‘Les influences sournoises ; précis des manipulations ordinaires’ : « … il existe d’authentiques processus de connaissance qui aboutissent à des opinions mais qui ne passent pas par la délibération personnelle, des processus internes dont nous n’avons pas conscience et que nous ne contrôlons pour ainsi dire pas. Certains sont même, pense-t-on automatiques. Il va de soi que cet ‘inconscient cognitif’ n’a pas grand-chose à voir avec ‘l’inconscient freudien’ ».
Bref, « On se croit libre parce qu’on ignore les causes qui nous déterminent ». Mais ici encore, nul besoin pour cela d’en appeler à la mancie  psychanalytique. Une fois pour toutes, la psychanalyse freudienne n’est pas une science mais un dogme fossilisé il y a de cela aujourd’hui plus d’un siècle ; et désormais il n’y a guère plus qu’en France ou en Argentine où l’on souscrit encore quelque peu à ces fariboles pour personnes cultivées.

 Berth---Freud.jpeg

Il n’empêche, nous sommes en France et la psychanalyse y est toujours omniprésente. Quelque soit le sujet traité il est à craindre d’y trouver un multicarte de service d’obédience psychanalytique. Et même lorsque ce n’est pas le cas, on ne compte plus les fois où l’on s’en vient, tout à fait hors de propos, nous seriner les oreilles avec des interprétations psychanalytiques.
C’est dans ce contexte hexagonal que s’inscrit cette très bienvenue bibliographie critique de la psychanalyse, proposée par Esteve Freixa i Baqué sur son blog. Ce dernier est professeur d’épistémologie et de sciences du comportement à l’Université de Picardie. La recension qu’il propose, outre l’incontournable « livre noir de la psychanalyse » (lecture vivement conseillée), comprend une bonne liste d’ouvrages, dont un hors-série de la revue Sciences & Pseudo-sciences’ de décembre 2010 consacré à la psychanalyse. S’y trouvent, entre autre, les contributions d’ Esteve Freixa i Baqué, mais aussi de Nicolas Gauvrit dont le blog se situe ici : http://psymath.blogspot.com/
(Il est possible également d’écouter ce dernier nous parler du ‘Hasard’ lors de l’émission du 16 septembre dernier du club de ‘Science publique’ sur France culture :
http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-club-science-publique-le-hasard-existe-t-il-2011-09-16.html  ).

 

 Il est utile ici de rappeler en passant - et de marteler - les mots de Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie Cognitive Expérimentale au Collège de France : « La notion d’un inconscient qui serait intelligent, qui serait doté en soi d’intentions ou de désirs qui lui sont propres, l’idée que l’infantile est la source de tout l’inconscient, l’idée qu’il y ait un processus actif de refoulement qui renvoie vers le non-conscient des idées qui seraient dangereuses ou qui demanderaient à être censurées, ces questions là n’ont pas d’équivalent dans la psychologie contemporaine ».

 

J’ai déjà commis plusieurs billets sur ce sujet (sans doute est-ce ici le dernier – il y a plus passionnant à faire). Cependant, au constat de la surreprésentation de la psychanalyse dans les colloques, notamment de philosophie, j’ai pensé qu’il n’était point inutile d’enfoncer le clou. J’en prends l’exemple du programme de Citéphilo  (voir mon billet de 2010). La nouvelle mouture ne déroge pas vraiment à la règle, avec pas moins de six conférences où sera abordée directement cette discipline pour le moins controversée :

 

      1)  Lacan, envers et contre tout, avec Elisabeth Roudinesco et Elie Doumit
      2) Clartés de tout. De Lacan à Marx, d'Aristote à Mao, avec Jean-Claude Milner et Philippe Petit
      3) Psychiatrie et résistance, en presence de Jean Oury qui a la double casquette Psychiatre et psychanalyste.
    4) Pratiques d’interprétation : l’historien et le psychanalyste avec Sabine Prokhoris, pyschanalyste
      5) …Ou pire, Le Séminaire livre XIX et Je parle aux murs de Jacques Lacan (Seuil), avec l’incontournable Jacques-Alain Miller
      6) La psychanalyse : un art du faire-avec ? en compagnie de Philippe Sastre-Garau, psychiatre et psychanalyste, qui viendra, prudent, « nous aide à saisir l'originalité de l'approche psychanalytique de la névrose: plus comprendre et apprivoiser que suspendre ou éradiquer »

 

Lacan.jpgAprès Freud, année Lacan donc, celui là même qui disait : « Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué. [...] Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession ; c'est bien d'ailleurs pour ça que j'en suis malade, par ce que j'ai un surmoi comme tout le monde. [...] Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse. Il est clair que l'homme passe son temps à rêver qu'il ne se réveille jamais. Il suffit de savoir ce qu'à nous, les psychanalystes, nous fournissent les patients. Ils ne nous fournissent que leurs rêves » (1).

 

Cela me donne l’impression de voir conviés une bonne plâtrée d’astrologues  à un séminaire d’astrophysique.


(1) Nouvel Observateur, sept. 1981, n° 880, p. 88 - Extraits d'une conférence non publiée, prononcée à Bruxelles le 26 février 1977
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