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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 10:07

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Le dernier opus du très Orwellien Jean-Claude Michéa, « Le complexe d’Orphée » vient de paraître aux éditions Flammarion. Son sous-titre, « La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès », donne le ton. Il s’inscrit, dit-on, dans la lignée de ses derniers - et stimulants - essais, « L'Empire du moindre mal : essai sur la civilisation libérale » (Climats, 2007), dont j’avais repris de larges extraits sur ce blog, et « La double pensée. Retour sur la question libérale », (Flammarion, 2008).

 

Je l’ajoute à la (longue) liste de mes prochaines lectures.

 

Mais en attendant, voici en hors d’œuvre l’auteur invité aux matins de France Culture. Il est interrogé, outre Marc Voinchet (le préposé aux réveils en douceur que je n’écoute habituellement pas), par le pugnace transfuge de l’émission désormais moribonde, Du grain à moudre, je veux citer Brice Couturier. En renfort (enfin façon de parler), le falot Jacques Julliard, traînant ici encore ses guêtres sans doute parce ce qu’il faut atteindre le quota de ‘seniors’ sur les ondes…

 

Au-delà de l’actualité politique immédiate et de sa savoureuse critique du ‘nomade Attalien’, les thèses proposées par Jean-Claude Michéa sonnent bien souvent justes, et, en tout état de cause, élargissent indubitablement le champ de la réflexion.
(Juste un petit bémol en ce qui me concerne pour cette profession de foi qui voudrait voir la ‘common decency’ plus développée dans les classes populaires qu’ailleurs ; même en l’expliquant par la strict nécessité…)

 

La thèse charnière de ce dernier livre, voit dans l’affaire Dreyfus un point de bascule historique : « ce qui m’a toujours frappé dans le principe des primaires, c’est que cela revient à diviser la société entre un peuple de gauche et un peuple de droite (…) et c’est notion de peuple de gauche opposé au peuple de droite, descendants des sans-culotte face aux descendants des chouans, qui s’est mise en place après l’affaire Dreyfus, et qui m’intrigue parce qu’elle veut dire d’une certaine manière : l’ouvrier qui vote à gauche sera toujours plus près d’un banquier de gauche, ou d’un dirigeant de gauche du FMI, que l’ouvrier, l’employé, le paysan, le petit entrepreneur qui vote à droite.  Or, avant cette mise en place de l’opposition gauche / droite telle qu’elle va prendre un sens nouveau après l’affaire Dreyfus, quand on regarde quelle était la classification politique tout au long du XIXe siècle, il s’agissait moins d’opposer la gauche à la droite que les classes populaires ou le prolétariat aux classes dominantes, bourgeoises ou débris de la féodalité.  Donc tout ce qui revient à dire que l’opposition n’est pas entre les classes populaires et les minorités privilégiées et qui contrôlent largement l’information, etc. mais, au fond, c’est une coupe transversale qui met une partie de la classe dominante et du peuple contre une partie de classe dominante et du peuple, ça c’est précisément ce contre quoi j’ai écrit

 
A écouter également (vers 43ieme mn) sa critique des techniciens du lien social et autres experts.

 

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